Plan du site Dans les années 50 Aujourd'hui Pages diverses La vie religieuse Avant-propos Le catéchisme Enfant de chœur La laïcité Les fêtes Les fêtes Au-delà du cycle hebdomadaire, la vie paroissiale était rythmée par les fêtes de l’année liturgique. La plupart des enfants goûtaient ces moments privilégiés auxquels s’attachaient maintes traditions transmises de génération en génération et dont certaines sont désormais tombées dans l’oubli. C’est notamment le cas de la procession des Rogations (juste avant l’Ascension), vieux rituel paysan destiné à protéger les champs des fléaux météorologiques qui s’accomplissait encore à Royaumeix au début des années 50.
Par contre, des nombreuses coutumes religieuses propres à la Semaine Sainte, beaucoup sont encore vivantes de nos jours. Celle qui me tenait le plus à cœur – même si l’on en sourit aujourd’hui – était la prestation offerte le Samedi-Saint par le groupe de crécelleurs dont je faisais partie. Les cloches étant « en déplacement à Rome », il fallait bien les remplacer pour annoncer aux habitants de Royaumeix l’angélus du matin, midi et soir ! Pour cela, dès 5 heures, afin de marquer le coup, les enfants munis de leur instrument et sous le commandement d’un ou deux chefs, sillonnaient le village en criant à l’unisson entre deux roulements de crécelle : « V’la l’angélus ». L’après-midi, les crécelleurs passaient de maison en maison afin de collecter, en reconnaissance de leur service, œufs de Pâques colorés ou non et pièces de monnaie. Notons que cette coutume n’était pas spécifique à la Lorraine puisqu’on la trouvait aussi dans d’autres régions comme la Wallonie.
La fête de Saint-Nicolas le 6 décembre était sans aucun doute pour les enfants, la coutume la mieux perçue. Et pour cause, le Père Noël n’avait pas encore répertorié les cheminées de Royaumeix ! Aimable donateur, Saint-Nicolas savait récompenser les écoliers méritants qui, dès le réveil, s’empressaient d’aller découvrir les gâteries déposées dans leurs souliers. Je n’ai pas oublié les fameux pains d’épices à l’effigie du pourvoyeur de cadeaux, les quetsches séchées, les oranges – inconnues les autres mois de l’année – et les jouets en bois ou en métal, les matières plastiques n’existant pas encore. Malgré le nombre croissant de ses clients après la guerre, Saint-Nicolas ne put éviter la rude concurrence du Père Noël et dut finalement lui céder son fond de commerce vers la fin des années 50.
Attendue par les enfants, la fête de Noël l’était au moins autant par les adultes. Son caractère sacré était imprégné dans les traditions populaires de la fin de l’année. Quelques jours avant le 25 décembre, comme expression de la dévotion des paroissiens, une crèche représentant la Nativité était construite à l’église et dans la plupart des maisons. Ce n’est que plus tard qu’on prit l’habitude de dresser un sapin de Noël à côté de la crèche. Cette représentation de la Nativité rassemblait Marie, Joseph, l’Enfant Jésus, les bergers sans oublier les animaux, bœuf, âne et moutons que les enfants sortaient avec tendresse chaque année des placards de la sacristie. Quant aux Rois Mages, ils n’arrivaient qu’au jour de l’Epiphanie.
Même si aujourd’hui Noël est devenu une fête avant tout commerciale (ouvrons ici une petite parenthèse), il n’en demeure pas moins que des milliards de personnes à travers le monde – en décorant leur maison, bureau ou commerce, en offrant des cadeaux à leurs proches, en dégustant gâteaux de pain d'épices et autres spécialités culinaires ou tout simplement en écoutant des chants de Noël – marquent à leur façon, consciemment ou non, leur adhésion à l’un des événements historiques fondateurs… de l’espérance chrétienne ! Même si la fête chrétienne la plus importante du calendrier a été transformée en hymne à la consommation, pour le plus grand nombre et plus de deux millénaires après la naissance du Christ, Noël demeure toujours le symbole de cette espérance ! Et on peut s'en réjouir.
Mais revenons à notre propos. Les réjouissances de Noël terminées, les enfants pensaient immédiatement au 31 décembre, seul jour de l’année où ils avaient le droit de casser de la vaisselle, autrement dit « briser la vieille année »... dans les couloirs des maisons voisines dont les propriétaires, complaisamment, « oubliaient » de fermer la porte ce jour.
Avant de terminer cette page sur la vie paroissiale à Royaumeix, je voudrais également rappeler que la tradition du Nouvel An avait jadis en Lorraine, à la fois un caractère profane et religieux : au matin du Jour de l’An, en visitant leur famille, n’était-ce pas religieusement que jeunes et adultes répétaient la célèbre formule « Je vous souhaite une bonne année, une bonne santé et le paradis à la fin de vos jours (1) » ?
Photo Jacques Bouchot ________
1. A noter que quelques rares enfants, par défaut de mémorisation de la formule en question – je n'ose penser à une plaisanterie de mauvais aloi –, optaient plutôt pour la variante minimale suivante : « Je vous souhaite une bonne année, une bonne santé et le paradis à la fin de l'année ! » © Claude Bouchot