Plan du site Dans les années 50 Aujourd'hui Pages diverses Présentation et histoire de Royaumeix Patrimoine du village d’aujourd’hui
Bienvenue donc dans le village unique de Royaumeix (prononcer mé), il n’y en a pas d’autres au monde portant le même nom ! De surcroît, un nom intégrant les six voyelles de l’alphabet français ! Cette localité de 402 habitants (dernier recensement Insee, 2020) est située sur un plateau de 250 m d’altitude à environ 13 km au nord de Toul (chef-lieu d'arrondissement du département de la Meurthe-et-Moselle et autrefois célèbre par sa place militaire et son évêché). Même si, à première vue, le village ne paie pas de mine, franchement, il vaut le détour ! Un village typiquement lorrain Entouré de jardins et de vergers où la mirabelle est reine, Royaumeix est un village typiquement lorrain. D’emblée, on remarquera l’habitat, groupé. Les maisons, en effet, se jouxtent et s’alignent tout en ménageant de chaque côté des rues, un espace libre appelé usoir, caractéristique des villages-rues lorrains. Devenu aujourd’hui un lieu d’agrément public fort bien entretenu, ce devant-de-porte s’intercalant entre la chaussée et la façade des maisons était autrefois une place à tout faire, un lieu communautaire extraordinaire où s’exprimait véritablement la vie du village. Un village inscrit dans le Parc Naturel Régional de Lorraine Royaumeix fait partie, avec environ 200 autres communes de Meurthe-et-Moselle, Meuse et Moselle du Parc Naturel Régional de Lorraine, un espace rural et forestier de 206 000 hectares – près de 10 % de la région Lorraine – reconnu par le Ministère de l’Environnement pour ses richesses naturelles et culturelles. Un patrimoine végétal exceptionnel façonné par le travail assidu de nombreuses générations d’agriculteurs et de forestiers durs au travail. La forêt, l’attribut majeur de la commune
Quelques centaines de mètres seulement séparent la périphérie du village de la lisière de la forêtD’ailleurs, le territoire de la commune qui a une superficie de 2157 ha intègre une grande partie de la Forêt de la Reine, une magnifique forêt domaniale entourée de bois communaux, l’ensemble constituant un massif forestier de plus de 6000 ha où les feuillages des chênes, des hêtres, des trembles, des érables et des charmes se mêlent volontiers. Dans cette partie de la Lorraine, sur les sols lourds de la Woëvre, la forêt, truffée d’étangs, est omniprésente et alterne avec des prairies et des terres de grandes cultures.
Depuis très longtemps, elle constitue l’un des attributs de Royaumeix dont la superficie des bois communaux est de 210 ha. Ces derniers ainsi que la partie domaniale (1277 ha) sont mis en valeur par un agent technique forestier assermenté – il s’appelait autrefois garde forestier – qui assure également la police de la nature et de l'environnement et qui, de 1945 à 2023, résida dans la jolie petite maison forestière « Jules Boppe », plus précisément l’ancienne gare, désaffectée, de Royaumeix ! Notons aussi que tous les habitants ont le droit à l'affouage, c'est-à-dire la possibilité chaque année, de prélever dans le massif communal, du bois pour leur propre chauffage (1).
Après la visite du village de Royaumeix, s’il vous reste encore un peu de temps, n’hésitez pas à faire une promenade dans cette Forêt de la Reine, toute proche. Le « circuit des grands arbres » vous fera découvrir des chênes majestueux constituant l’une des plus belles forêts naturelles de France mais aussi de nombreux et superbes étangs forestiers poissonneux tels que l'étang Romé – d'une superficie de 76 ha – qui, selon une étude toponymique parue dans les Annales de l’Est en 1889 était aussi royal. Bref, un véritable paradis naturel dont l’avifaune et la flore attirent de plus en plus de visiteurs.
Quelques mots sur l’histoire de RoyaumeixEn fait, cet environnement forestier caractéristique remonte au fond des âges puisque « vers 570, les habitants de Regalis Hortus (traduisez : jardin royal, le village s’appelait ainsi à cette époque) purent voir selon une tradition orale, leur reine Brunehaut (première reine de France) se promener dans la forêt comme elle aimait le faire dans sa robe courte, juste au-dessous des genoux. Par ailleurs, l’évêque Grégoire de Tours dit que la reine Brunehaut se plaisait à se rendre au milieu de ses superbes jardins sis aux lieux mêmes où se trouve aujourd’hui le village de Royaumeix ». Nous empruntons cette citation à Gilbert Chénot, Royaumeixois de naissance, qui – aprés six années de recherches historiques intenses – vient de rédiger une monographie de Royaumeix. Comme nul n’est plus expert en ce domaine que lui, cédons volontiers la parole à ce passionné d’histoire locale :
« Royaumeix est un des plus anciens villages de Lorraine. Le territoire fut en effet habité par des tribus Celtes, assertion corroborée par les découvertes de silex, flèches, lances, hache polie et épingles gauloises faites en 1868 et 1869 par Benoît et Husson. Les Romains occupèrent ensuite le territoire probablement dès leur arrivée en Gaule vers 51 av. J. C. jusqu’à ce que les Mérovingiens prennent leur place à partir de 511 en s’emparant de leurs villas, établissements de bains, métairies et forges. Selon les archéologues locaux, l’habitat de Royaumeix remonte au IIe siècle. C’est ainsi que sur une partie du territoire, désignée sous le nom de Haut-de-Fossé, sont situées les ruines d’environ 10 villas romaines dont une maison avec bains et hypocauste. On y a trouvé aussi un grand nombre de médailles attestant l’antiquité du site, des monnaies à l’effigie de Marc Aurèle, de Constantin et de Postumus et beaucoup d’autres objets d’origine romaine qui sont décrits dans la monographie du village. Cet habitat romain était relié à Toul par une voie – voie romaine de Toul à Montsec – dont les traces sont encore visibles sur les photographies aériennes.
Puis, la reine Clotilde (v. 475 - 545) y fit bâtir un palais protégé par une épaisse forêt. C’est sans doute ce palais qui appartint, par la suite, à la reine Brunehaut, à Clotaire II et au roi Dagobert 1er, roi d’Austrasie qui le donna entre 632 et 638 à Theudefried, 15e évêque de Toul ? L’histoire de la reine Brunehaut et particulièrement sa fin tragique sont bien connues. Cette dernière a-t-elle eu lieu à Renève (Côte-d’Or) comme le pensent les historiens ? Probablement, mais pendant longtemps, pour les gens de Royaumeix, la tradition orale voulait que ce supplice ait eu lieu sur la voie ancienne qui reliait Royaumeix à Andilly. Une autre tradition lorraine affirme que la reine Brunehaut n'a pas été suppliciée près de Dijon mais à Royaumeix sous le chêne Auguste ! Mais la thèse des historiens prévaut.
C’est à la période qui s’écoula, de la mort de Charlemagne (814) à l’an 1000 qu’il faut faire remonter la ruine des établissements de la Forêt de la Reine et sans doute du village situé au Haut-de-Fossé. Le premier document mentionnant Rouaumez est un parchemin daté de 1290 ; conservé aux archives départementales de M. et M., il est vraisemblablement le parchemin le plus ancien concernant Royaumeix. Notre village fut détruit au XVIIe siècle probablement pendant la guerre de 30 ans puis une autre fois en 1710. Sous la Révolution, il prit le nom de Libremeix. Après le Consulat, il acquiert son nom définitif bien que l’on trouve Royaumeix-les-étangs sur des documents comptables de 1851 à 1875 ! Depuis le règne de l’évêque Theudefried jusqu’à la Révolution, Royaumeix fut une seigneurie ecclésiastique en partie. Le Comte Charles Antoine de Raguet de Brancion et le Vicomte Nicolas François de Curel furent les derniers seigneurs du village.
Le château Le château actuel de Royaumeix a justement été construit – dans un style moderne – par la famille de Brancion en 1860 sur l’emplacement de l’ancien, semble-t-il, qui avait été édifié par la famille de Raguet en 1657. A découvrir, sur le fronton, les armoiries et devises de ces familles. L’église Les plans de la nouvelle église – en vue de remplacer l’ancienne qui tombait en ruines – furent élaborés aussi en 1860 tandis que la réouverture au culte eut lieu en 1863. De style néogothique, on aperçoit de loin l’élégante construction qui domine le village et ses environs par sa tour-clocher caractéristique due à l’amputation de sa flèche en 1913. En arrivant par la rue St Léon – l’église est placée sous le vocable de ce saint, ancien évêque de Toul et pape – c’est cette imposante et majestueuse tour que l’on remarque en premier avec sa rosace trilobée et la statue de l’archange St Michel, représenté en guerrier combattant le dragon, au-dessus du grand gâble du porche. Sept grandes et belles verrières ogivales et géminées éclairent largement le chœur tandis que la nef est éclairée par dix autres de mêmes dimensions. A l’intérieur de l’église, on peut citer, entre autres, la chaire en chêne sculpté d’un bel effet, le chemin de croix en carton-pierre et le maître-autel réalisé par le sculpteur de talent Tovany. Le cimetière Le cimetière, attenant à l’arrière de l’église est très bien entretenu. Sur quatre pierres tombales ouvragées en marbre blanc, figurent les blasons des familles de Raguet, de Brancion et de Kerveno. La mairie-école La première mairie-école date de 1837. Celle-ci fut détruite en 1914 par un incendie accidentel. Une nouvelle mairie-école a été reconstruite en 1923. L’effectif des enfants scolarisés était en 1843, de 50 élèves en été et 100 en hiver pour une population de 426 habitants. A propos de démographie, notons que les premiers renseignements remontent à l’année 1404 où l’on mentionne 29 conduits ce qui pouvait correspondre à environ 200 habitants. En 1851, la population atteint un maximum de 454 habitants. Autres éléments du patrimoine D’autres éléments du patrimoine de Royaumeix, dignes d’intérêt, sont à signaler : la place Brunehaut au centre du village, l’aigayoir qui servait autrefois au lavage des animaux, le lavoir municipal, plusieurs puits et un calvaire » (Gilbert Chénot, Monographie de Royaumeix, 2005). Equipements culturels Par ailleurs, n’omettons pas de mentionner quelques équipements culturels modernes comme la maison paroissiale (dont peuvent disposer les 33 communes constituant la paroisse), l'espace multimédia et culturel ainsi que la salle polyvalente « de la Reine ». Encore une référence au glorieux passé royal de Royaumeix ! Ressources exceptionnelles en matière de santé
Les photos illustrant cette page sont l'œuvre de Jacques Bouchot Il est inhabituel – dans un si petit village – de trouver autant de ressources en matière de santé. Citons tout d'abord le cabinet médical où exercent en permanence deux médecins (dans les années 50, celui-ci faisait également office de pharmacie). Mais tous ceux qui découvrent le village sont surtout étonnés du Centre Médico Social et Sanitaire... rayonnant sur 35 communes en milieu rural ! Ce Centre Brancion (c'est son nom) est composé d'une Maison d'Accueil pouvant accueillir 60 personnes âgées dépendantes (photo ci-dessus), d'un Centre de Soins Infirmiers (CSI) et d'un Service de Soins Infirmiers à Domicile (SSIAD). *Ce n’est là qu’une présentation fort succincte de Royaumeix et de son patrimoine par rapport au contenu de la monographie du village qui fourmille d’informations, de détails, d’anecdotes et de références historiques. Gageons que les lecteurs qui se seront procurés cet ouvrage le trouveront extrêmement riche et passionnant !
Claude Bouchot et Gilbert Chénot
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1. « Beaucoup de communes sont actuellement propriétaires de forêts. L'origine de ces propriétés communales est souvent le résultat d'une longue histoire qui peut remonter pour certaines au XIIe siècle. En effet, à cette époque et bien plus tard aussi, ces forêts appartenaient à de riches propriétaires mais les habitants des villages avaient obtenu des droits d'usage : prélèvement de bois de chauffage. Progressivement, certains de ces domaines sont passés, de gré ou de force, dans les domaines communaux au cours des temps mais une tradition est restée : les habitants ont conservé le droit à l'affouage, c'est à dire la possibilité de prélever du bois pour leur propre chauffage. L'affouage qui est en fait, une jouissance en nature de produits ligneux, est un avantage économique certain pour les habitants d'une commune propriétaire d'une forêt. De plus, la pratique de l'affouage responsabilise l'individu et maintien un lien entre les ruraux et leur forêt. Ils se sentent impliqués à long terme dans la gestion de leur patrimoine forestier, celui qu'ils ont reçu et qu'ils transmettront. L'affouage contribue à maintenir un espace de vie sociale dans les communes rurales » (SCEREN, Centre régional de documentation pédagogique de Champagne-Ardenne, Le bois : une énergie renouvelable, 2003). Commentaire complémentaire d'un lecteur avertiJacques Bouchot :
Cette page met bien en valeur Royaumeix. Je pense que l'intérêt de ce village lorrain – plutôt traditionnel – réside surtout dans son passé historique, riche et passionnant. A ce propos, je me souviens encore des recherches archéologiques réalisées de 1963 à 1966 au lieu-dit « le trou de l'enfer » à quelques centaines de mètres du centre du village. J'avais grand plaisir à visiter durant les vacances scolaires le chantier de fouilles qui ont permis la découverte d'un cimetière mérovingien de plus de 100 tombes. J'ai passé de longs moments avec des camarades, parfois sous le soleil, à regarder les archéologues du Cercle d'Etudes locales du Toulois dégager, à la spatule et au pinceau, les squelettes enterrés à 50-60 cm de profondeur. L'exploration de ce cimetière a permis de recueillir de nombreux objets funéraires notamment un angon, une balance de changeur, des plaques-boucles damasquinées, des peignes en os, des scramasaxes, des vases, des poteries... objets désormais visibles au Musée de Toul et au Musée Lorrain de Nancy.
Hormis ce site funéraire, j'ai également vu à Royaumeix, au milieu d'un champ, la mise à jour des fondations d'une maison romaine pourvue d'escaliers et d'un four mais malheureusement, ces fouilles n'ont pas été poursuivies. On peut enfin signaler – parmi les autres éléments du patrimoine – une statue de fort belle facture représentant Saint Eloi, conservée et sauvegardée précieusement par la famille Bouchot de Royaumeix depuis des générations… avant que cette dernière ne l’offre au Musée de Toul en août 2008. Cette acquisition du musée a d’ailleurs fait l’objet d’une remarquable étude signée par Michel Hachet, conservateur (Etudes Touloises, n° 129, 2009, p. 22-24).
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