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Dans cette brève autobiographie professionnelle intitulée « Plus de 40 ans au contact des emplumés » et portant sur son premier métier, Claude Bouchot interroge les principales étapes de sa carrière à l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) en donnant – au gré de ses plus beaux souvenirs de technicien de recherche en expérimentation animale – des ailes à sa plume !
 
 
Plus de 40 ans
au contact des emplumés !
 
 
Poules
 
 
Durant cette longue carrière, grâce à mes bienveillants collègues et amis, j’ai acquis des ailes et appris à m’en servir. Bien que n’ayant jamais battu de l’aile au cours de mes nombreuses migrations, j’ai néanmoins perdu bon nombre de plumes, mais avec la plus belle qui me reste, je tiens, à la veille de mon premier vol de retraité, à remercier tous ceux qui – pas un n’a tenté de me rogner les ailes – m’ont transmis tant de connaissances et d’expérience professionnelles.
 
 
Au risque de décevoir les personnes qui me l’ont gentiment demandé, je n’ai nullement l’intention d’écrire mes mémoires ! Après plus de 40 années passées dans la filière avicole, j’ai tout simplement décidé de tourner modestement la page de ma vie professionnelle. Néanmoins – sans faire trop long et sans débordement nostalgique donc – je souhaite seulement, dans cet essai, rassembler quelques souvenirs, anecdotes et images (1) reflétant l’état d’esprit ayant régné dans mon environnement professionnel et ce qui m’a passionné le plus au cours de ma carrière. Conscient, en si peu de place, de ne pouvoir parvenir à évoquer tous les traits ayant marqué cette dernière et à exprimer la gratitude due à tous ceux et celles qui m’ont aidé tout au long de mon parcours, je compte donc sur votre indulgence.
 
 
Etudes à Rambouillet
 

Dans les années 60, les emplois dans l’administration, contrairement à aujourd’hui, sont plutôt méprisés car peu rémunérateurs. Aussi, mon père, ne souhaitant pas que je sois fonctionnaire (comme lui), m’exhorte à m’orienter vers une profession indépendante... aviculteur, par exemple ! En fils obéissant, je ne tiens pas à le décevoir (du moins, dans un premier temps) et c’est ainsi que je rentre à l’Ecole Nationale d’Aviculture le 23 septembre 1963 pour y apprendre le métier.

L’ENA (à ne pas confondre avec « l’autre, non moins réputée » !) qui fait partie du Centre d’Enseignement Zootechnique de Rambouillet – celui-ci étant surtout connu pour sa célèbre Bergerie Nationale – est un établissement public du Ministère de l’Agriculture et reçoit, pendant une année scolaire, des élèves diplômés de l’enseignement secondaire destinés à fournir les cadres moyens de l’aviculture organisée.

Je garde un souvenir très riche de cette année d’études à Rambouillet. Tout d’abord, l’environnement exceptionnel dans lequel se situe l’école – celle-ci jouxtant le jardin à l’anglaise du parc du château (2) ainsi que la réserve de chasse présidentielle – ne peut qu’être favorable à la vie estudiantine. Mais surtout, au début de ces années 60, l’Ecole Nationale d’Aviculture est à son apogée et j’ai la chance de bénéficier d’un enseignement assuré par des professeurs aussi compétents que dévoués.

Ainsi, je voudrais particulièrement exprimer ici toute ma gratitude à Jean-Claude Dromigny, nutritionniste de l’UCAAB (Union des Coopératives Agricoles d'Aliments du Bétail) qui m’a fait largement profiter de sa compétence en matière de nutrition avicole et à Philippe Mérat, généticien à la SRA (Station de Recherches Avicoles) du centre INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) de Jouy-en-Josas, pour la qualité exceptionnelle de ses cours de statistiques, c’est à lui que je dois en partie mon orientation professionnelle et par la suite mon admission à la SRA. J’ai grandement profité également des cours de pathologie aviaire du Dr Aycardi (chercheur vétérinaire à la SRA) qui ont comblé quelques-unes de mes immenses lacunes dans ce domaine. Enfin, je n’oublierai jamais les qualités humaines de Zélia Civel (ma prof principale, par ailleurs sous-directrice de l’école) sa gentillesse, son enthousiasme communicatif, ses compétences en matière de zootechnie et surtout de physiologie aviaire, un enseignement de base qui n'a fait qu’aiguiser ma soif de mieux connaître encore cette science de la vie des oiseaux. Une chose est sûre, c’est qu’en quittant Rambouillet, je suis convaincu que seuls les scientifiques peuvent m’apporter des connaissances approfondies dans cette discipline.

 
ENA
 
L’Ecole Nationale d’Aviculture qui a été créée en 1953 fait partie du Centre d'Enseignement Zootechnique de Rambouillet (1964).
 
 
Stage à l’INRA
 

Un rêve qui, comme par enchantement, se réalise à Jouy-en-Josas, le 10 octobre 1964, lorsque Louis Lacassagne et Pierre Mongin, tous deux chercheurs physiologistes, m’accueillent à la Station de Recherches Avicoles de l’INRA (3) en tant que stagiaire… en attendant mon service militaire, autre « formation » incontournable ! Jouy-en-Josas est situé à quelques kilomètres de Versailles au cœur de la Vallée de la Bièvre. Là, à proximité du bourg, sur le versant nord de cette charmante vallée, l’INRA a implanté l’un de ses plus prestigieux centres de recherches, le CNRZ (Centre National de Recherches Zootechniques). Un lieu calme, à l’abri des nuisances de Paris qui ne peut qu’être propice à la « méditation » et à l’épanouissement des chercheurs !

La Station de Recherches Avicoles fait partie de ce centre et c’est donc à la « Physio » – au deuxième étage du laboratoire visible sur la photo ci-dessous – que j’ai le privilège de travailler. L’objectif primordial de la SRA en 1964 est l’amélioration (quantitative et qualitative) des productions avicoles françaises. Mais avant d’aboutir à des recommandations pratiques valables, les travaux des chercheurs reposent sur des recherches théoriques solides auxquelles concourent des physiologistes, des nutritionnistes et des généticiens.

Dans le service de Lacassagne, les expérimentations en cours ont pour but de contribuer à une meilleure connaissance de l’influence des rythmes lumineux sur les pondeuses et à l’augmentation de la solidité de la coquille de l’œuf. Ce dernier thème constitue d’ailleurs l’objet de ce stage initial à l’INRA, stage dont une partie en fait, se passe à la Station expérimentale d’Aviculture du Magneraud (Charente-Maritime), une autre implantation de l’INRA, à cette époque entièrement consacrée à la recherche génétique.

 
Station de Recherches Avicoles
 
Sur 1014 hectares, Jouy-en-Josas conserve encore 446 hectares de bois domaniaux. C’est en 1950 que l’INRA a ouvert le Centre National de Recherches Zootechniques sur le domaine des Villeverts (83 ha) acheté quelques mois plus tôt. Sur cette photo, on ne voit que la partie réservée à la SRA : en arrière-plan, le laboratoire, devant ce dernier, les installations expérimentales et au-delà du bois sur le plateau dominant la Vallée de la Bièvre, on imagine l’aérodrome de Villacoublay (Photo prise d`un hélicoptère en 1976 par Jean Weber).
 
 
Jouy 2000
 
A noter que les poulaillers expérimentaux visibles sur la photo précédente n’existent plus aujourd’hui. Ils ont été remplacés par ce magnifique « Bâtiment des Biotechnologies », la fierté de l’INRA ! Inauguré le 7 octobre 1988 par le Président de la République, François Mitterrand, ce laboratoire qui s’insère très harmonieusement dans le cadre de la Vallée de la Bièvre, regroupe plus de 250 personnes dont de nombreuses équipes de chercheurs de haut niveau recrutés en France et à l’étranger et appartenant à des disciplines très différentes (Photo extraite de la série documentaire Les Pouvoirs extraordinaires du corps humain, 2019, France 2).
 
 
Magneraud
 
Elevage sur prairie des futurs reproducteurs entre leur huitième et leur vingtième semaines à la Station expérimentale d’Aviculture du Magneraud (Photo des années 60, J. Morillon).
 
 
Index de coquille  
Mon stage initial à l’INRA se passe également à la Station expérimentale d’Aviculture du Magneraud (Charente-Maritime), une autre implantation de l’INRA entièrement consacrée à la recherche génétique. A cette époque, des chercheurs généticiens (notamment Léon-Paul Cochez et Philippe Mérat) découvrent que la solidité de la coquille de l’œuf peut être aussi améliorée par la sélection génétique des poules. Celle-ci devient alors un nouveau critère de sélection. Faut-il toutefois – sur un grand nombre d’œufs – apprécier la qualité de la coquille en définissant un index de coquille exprimant le poids de coquille par 100 cm2 de surface (Janvier 1965, photo Pierre De Coninck).
 
 
Premier emploi temporaire à l’INA
 

Le 11 juillet 1966, 15 jours seulement après la quille, donc à peine réaccoutumé à la vie civile, je suis embauché par le Pr Delage de l’Institut National Agronomique comme responsable de son troupeau expérimental de lapins. Ainsi, après mon séjour forcé dans l’environnement militaire de Commercy, je retrouve la région parisienne, précisément le Domaine expérimental des Granges à Palaiseau où les enseignants chercheurs de « l’Agro » font leurs essais sur des animaux – lapins et chèvres – qu’ils ne peuvent élever, et pour cause, à proximité immédiate de leur école sise 16, rue Claude Bernard à Paris, situation géographique étonnante, vous en conviendrez, pour une école supérieure agronomique ! Ces expériences menées à Palaiseau visent notamment à étudier la toxicologie des aflatoxines en alimentation animale… et les lapins sont particulièrement sensibles à ces mycotoxines. Mais l’intérêt que je porterai à ces petits mammifères ne sera que de courte durée…

 
 
Recrutement définitif à l’INRA
 

Vers la fin de cette année 1966, je reçois un coup de fil inattendu de mon ancien maître de stage, Louis Lacassagne qui veut me rencontrer de toute urgence. Qui plus est, quelques jours après, il se déplace à Palaiseau accompagné de Pierre Mongin. Ceux-ci m’invitent à déjeuner au restaurant et d’entrée de jeu, m’annoncent tout simplement… qu’ils ont besoin d’un technicien immédiatement et qu’ils souhaitent me recruter à l’INRA ! Remarquons au passage que dans le climat d’optimisme et de plein emploi des années 60, les conventions régissant la sélection professionnelle étaient totalement différentes de celles d’aujourd’hui !

Mon recrutement à la SRA de Jouy-en-Josas se concrétise le 16 février 1967. Et c’est ainsi que je retrouve un environnement familier en même temps que des collègues enchantés de me revoir. Dans le service Physio où règne un véritable esprit de famille, nous avons tous, Bernard Sauveur, Pierre et Jacqueline Mongin, Denise Dubois, Joël Rocard et moi, à peu près le même âge… sauf le patron, Louis Lacassagne, qui a vu la Station se construire en 1951. Le professionnalisme de ce dernier et la pertinence de ses remarques contribuent grandement à mon apprentissage. Aujourd’hui, en faisant le bilan de ma vie professionnelle, je peux affirmer que ce sont ces premières années à l’INRA (1967-1969) qui éveillent en moi les meilleurs souvenirs.

 
 
Lumière et ponte chez les oiseaux, premier thème de travail
 

De 1967 à 1984, notre thème de recherche principal est l’étude de l’influence de la lumière sur la ponte des poules, une relation de cause à effet qui me fascinait déjà en théorie à Rambouillet ! Depuis 1925, de nombreuses expériences ont démontré que la lumière avait une action directe sur la ponte, cette action étant spécifique et indépendante des autres facteurs, comme la température et l’abondance de nourriture, qui n’interviennent que secondairement.

Bref, jusqu’aux années 80, sous la direction de Louis Lacassagne puis de Pierre Mongin et Bernard Sauveur, les recherches consacrées à la sensibilité photopériodique des oiseaux domestiques conduisent à de nombreuses applications en aviculture. Ainsi, les programmes lumineux étudiés à la SRA permettent de contrôler avec précision le début de la ponte, d’en régulariser le volume (de saisonnière, la production devient constante tout au long de l’année) et d’améliorer la qualité des œufs (poids, épaisseur de coquille).

 
Lumière et ponte  
Les recherches sur la photosensibilité des oiseaux domestiques conduites à Jouy-en-Josas puis à Nouzilly par Louis Lacassagne, Bernard Sauveur et Pierre Mongin de 1964 à 1984 contribuent au développement de nombreuses applications en aviculture : maîtrise de l’entrée en ponte, ponte en hiver, contrôle du poids des œufs, solidité de la coquille… Les programmes lumineux qui sont mis en œuvre aujourd’hui dans les poulaillers modernes sont essentiellement basés sur les résultats de ces recherches.
 
 
Opération sur une poule
 
En rapport avec le thème de recherche principal du service Physio, cette photo montre l’induction à l’éther d’une anesthésie d’une poule pondeuse en vue d’une opération portant sur l’ovaire. Pour la petite histoire, l’appareil d’anesthésie mis en œuvre ici est un modèle utilisé dans les hôpitaux par les anesthésistes pratiquant l'anesthésie des enfants (Eté 1969, Station de Recherches Avicoles du CNRZ de Jouy-en-Josas, photo Joël Rocard).
 
 
Décentralisation en Touraine
 

Conformément à la politique de décentralisation du gouvernement de l’époque, la SRA essaime à Nouzilly (un charmant petit village près de Tours) en été 1969. Devant suivre une expérience à Jouy-en-Josas jusqu’à la fin de l’année en question, je profite par contre un peu plus longtemps que mes collègues de la « vie parisienne » puisque cette mutation obligatoire en province m’atteint seulement le 14 janvier 1970. Pour la plupart d’entre nous, rompre les amarres avec la capitale n’est pas chose facile, mais finalement nous reconnaissons que la décentralisation en Touraine présente bon nombre d’avantages.

Nos conditions de travail s’améliorent. La nouvelle Station de Recherches Avicoles qui fait désormais partie du Centre INRA de Nouzilly occupe plus du sixième des 580 ha de ce dernier, un domaine s’inscrivant dans un pays où se succèdent prairies, vastes parcelles de labours, boqueteaux et étangs pittoresques. Le laboratoire et les bâtiments expérimentaux sont neufs, spacieux et dotés d’équipements modernes.

Sur le plan personnel, les conditions de vie diffèrent nettement de celles que nous avions à Paris. Nous disposons à Tours d’un appartement neuf, confortable et lumineux. La ville de Jean Royer nous plaît beaucoup et nous nous y acclimatons assez vite. Au début des années 70, Tours connaît d’ailleurs l’enjeu de l’expansion mais c’est surtout une « métropole au cœur d’un jardin, un environnement jalousement préservé, un urbanisme à l’échelle de l’homme, une Université florissante, une ville de mesure et de réflexion se prêtant à merveille… aux activités de recherche et d’innovation » pour reprendre les mots de l’illustre député-maire invitant ses nouveaux administrés à devenir rapidement des Tourangeaux d’adoption !

 
Labo SRA
 
Cette photo montre le laboratoire – construit en 1968 – de la Station de Recherches Avicoles de Nouzilly.
 
 
Labo SRA avec son aile
 
Attenante à l'extrémité sud du laboratoire de la SRA, l'aile administrative – bien que prévue dans les plans initiaux – est de construction assez récente.
 
 
De la physiologie à la nutrition
 

En 1984, les nouvelles fonctions administratives de mon chef de service, Bernard Sauveur (appelé à prendre la direction de la SRA), se traduisent pour moi, par un changement de discipline… et de patron ! Ainsi, de la physiologie aviaire (non sans regretter quelque peu ce thème de recherche « lumière et ponte » qui m’a captivé durant presque deux décennies), je passe presque du jour au lendemain, à la nutrition des volailles avec Michel Picard, vétérinaire et éminent nutritionniste.

Ce nouvel arrivé à la SRA qui possède déjà une solide expérience de chercheur pour avoir dirigé pendant 12 ans le service de recherche et développement de Rhône Poulenc Aventis Nutrition Animale à Commentry (l’un des premiers sites au monde pour la production de la méthionine et des vitamines A et E), ne tarde pas à mettre son savoir-faire et sa disponibilité remarquables au service de ses nouveaux collègues de l’INRA. En quelques années, il introduisit un dynamisme nouveau qui stimula plusieurs scientifiques et techniciens de la SRA..

Aussi, je suis fier de l’avoir eu pour « patron » et ne veux pas manquer l’occasion ici de dire ma dette envers lui, sans qui je n’aurais pu me perfectionner dans mon métier de technicien de recherche. J’ai grandement profité de ses conseils infiniment précieux notamment en ce qui concerne la méthodologie expérimentale, l’informatique et les calculs statistiques. L’atmosphère d’entraide amicale et l’ambiance chaleureuse que nous avons goûtées au laboratoire durant plus de 20 ans sont largement de son fait et je ne saurais assez lui en exprimer toute ma gratitude.

 
 
La science et la technique au service du développement du Tiers Monde
 

Durant cette deuxième partie de ma carrière, j’assiste donc techniquement Michel Picard qui vient d’être recruté précisément sur un des rares nouveaux postes créés (en fait, ce sera le seul !) suite à la loi d'orientation et de programmation pour la recherche et le développement technologique de la France (1982), une loi affichant clairement la volonté de développer prioritairement la coopération scientifique et technique avec les pays en développement.

Ainsi, au sein de l’ARC (Aviculture des Régions Chaudes), nouveau service de la SRA né en juin 1984, Michel Picard tente de démarrer (avec succès) une nouvelle stratégie de coopération en évitant sagement les erreurs du passé tel que le transfert de technologies inadaptées aux pays destinataires. Une stratégie impliquant une approche pluridisciplinaire, qui se traduit au cours des années par la réalisation de plusieurs projets associatifs regroupant équipe française et équipes des pays du Tiers Monde sélectionnées et intégrant recherche de base, recherche de terrain et formation.

Juste deux mots sur cette période intense de coopération avec le Tiers Monde, un travail dont la finalité ne me déplaît pas, au contraire ! Durant les 6 ans de vie de l’ARC, nous essayons d’organiser des échanges réguliers avec 5 partenaires : le Venezuela, Cuba, l’Algérie, le Cameroun et la Malaisie. Ceci se traduit pour mon chef de service par 31 missions (équivalant à plus d’une année hors de France) dans ces pays tandis que nous recevons à Nouzilly 41 gentils stagiaires dont 5 thésards qu’il faut encadrer le mieux possible, mais avec lesquels nous formons des équipes très soudées et qui m’aident beaucoup dans le déroulement des expériences qui sont aussi les leurs.

Par exemple, avec le Venezuela, nous testons la valeur nutritionnelle de deux légumineuses tropicales : Leucaena leucocephala (farine de feuilles) et Canavalia ensiformis (graines). Pour cette dernière espèce de gros haricot, une « expérimentation » que je poursuis même à titre de recherche privée dans un coin de mon jardin ! Précisons enfin que dans l’étude de ces stratégies nutritionnelles nouvelles, nous intégrons les différents aspects environnementaux de l'aviculture tropicale (rythmes de température et de lumière, structure ouverte des élevages…).

En janvier 1990, c’est à regret que nous arrêtons – pour nous plier aux nouvelles orientations de la recherche de cette époque – notre coopération scientifique et technique avec nos partenaires, sauf le Venezuela avec lequel nous réussirons à maintenir des échanges réguliers jusqu’en 2005.

 
ARC
 
Une stratégie de coopération intégrant formation et recherche dans les pays partenaires et en France. Par exemple, ces quatre stagiaires autour de leur maître de thèse, Michel Picard (le barbu) – après avoir soutenu leur thèse de doctorat en France – connaîtront de brillantes carrières. Ainsi – de gauche à droite sur la photo – Alicia Leon, vénézuélienne maintenant en retraite, fut durant cinq ans, directrice de l’INIA-CENIAP (l’INRA vénézuélien, 2000 employés dispersés sur tout le territoire !), Maxime Quentin est actuellement directeur adjoint et directeur scientifique à l’Itavi (Institut de l'Aviculture, Pisciculture et Cuniculture), Vasco de Basilio, vénézuélien, retraité, fut directeur de l'Institut de Productions Animales de la Faculté d’Agronomie de Maracay tandis que Maria Vilariño, vénézuélienne - française, est toujours responsable du Pôle Valorisation Animale chez ARVALIS - Institut du végétal (Photo du 20-6-2002).
 
 
Incursion dans la « biologie du comportement animal »
 

En ce début des années 90 – mais déjà bien avant – de plus en plus de citoyens en Europe sont sensibles à la question du bien-être animal en élevage, les défenseurs de la protection animale dénoncent (le plus souvent, de manière irrationnelle) l’environnement restrictif imposé par l’élevage intensif (4) et d’une façon générale tous les systèmes d’élevage exerçant des contraintes sur l’organisme des animaux, tandis que bon nombre de consommateurs exigent des produits animaux éthiquement plus acceptables.

Mais les scientifiques de l’INRA n’ont pas attendu les premières actions des défenseurs des animaux pour étudier le comportement et le bien-être animal. A la SRA, l’équipe « Biologie du comportement et adaptation des oiseaux » dirigée par Jean Michel Faure travaille sur ce thème depuis bientôt deux décennies. Une équipe que nous rejoignons volontiers, Michel Picard et moi, à notre sortie de l’ARC… pour œuvrer désormais dans le domaine du comportement alimentaire des volailles !

En élevage moderne, dans l’environnement étudié où vivent les oiseaux, rien n’est laissé au hasard, à tel point que même le « point de vue » des animaux est considéré ! Ainsi, dès qu’existe une quelconque inadéquation entre les animaux et leur milieu, ceux-ci ne tardent pas en général à le faire savoir ostensiblement en manifestant des troubles physiologiques ou de comportement, des signes que tout bon zootechnicien identifie facilement et que les scientifiques étudient dans le détail afin de pouvoir adapter encore un peu plus, le milieu à l’animal.

Les études sur le comportement alimentaire des volailles réalisées avec Michel Picard nous font découvrir par exemple que les poulets ont des rythmes de consommation très variables en fonction de leur environnement. Ces rythmes sont étudiés au laboratoire en développant les méthodes d'observation vidéo rapprochée et décomposée. Je n’ai jamais manipulé autant de magnétoscopes, enregistré et dépouillé autant de cassettes (S-VHS) qu’à cette époque où le DVD n’était pas encore connu !

 
Reflexe cervico
 
Mise en évidence du réflexe cervico-cérébro-hypothalamo-pituito-gonadique déclenchant l'oviposition chez la poule pondeuse !
 
 
Fin de carrière sous le signe de la nutrition
 

En 1998, profitant d’une réorganisation des équipes de recherche de la SRA, Michel Picard se rapproche du groupe Régulation du Métabolisme des Oiseaux. Depuis son recrutement à l’INRA en 1984, lui et moi sommes devenus deux inséparables. Aussi, spontanément, je le suis dans ce mouvement interne. Au sein de la nouvelle équipe, nous nous concentrons sur notre thème de base, la nutrition des volailles. En cette fin de décennie 90, les nombreux essais zootechniques dont j’ai la responsabilité font surtout l’objet de contrats signés avec des partenaires de la filière avicole, notamment des fabricants d’aliments du bétail.

Au début de l’année 2002, nous avons l’honneur et le privilège de participer avec 4 autres équipes partenaires (le Laboratoire de Physiologie et d’Immunologie des Animaux domestiques de l’Université Catholique de Leuven, l’équipe de Recherche et Développement de Hubbard-France, le Centre de Recherches avicoles de l’Institut Roslin d’Edimbourg et le groupe de distribution Auchan) à un contrat européen de recherche qui nous mène jusqu’en 2004… et qui rapporte – cela mérite d’être souligné – beaucoup d’écus à la SRA !

Michel et moi gardons d’excellents souvenirs de ce contrat, une expérimentation au sol avec des poules reproductrices pondant sur la paille comme jadis. Par contre, des animaux prenant trop d’embonpoint avec l’âge et que nous rationnons (autre pratique d’élevage grandement décriée par les protectionnistes) afin d’étudier justement les effets bénéfiques de la restriction alimentaire sur la ponte. Pour la circonstance, nous revenons aux observations vidéo du comportement alimentaire, sans oublier les contrôles habituels sur les œufs ainsi que les nombreuses mesures de paramètres biologiques. Et toujours beaucoup de stagiaires à encadrer…

 
 
Deux dernières années sans poussières aviaires !
 

En 2004, Michel Picard prend la décision d’arrêter définitivement l’expérimentation animale pour se consacrer à une toute autre activité, le développement d'applications multimédias sur CD-Rom ! Evolution pour moi, inattendue, mais qui finalement m’enthousiasme (car j’ai l’impression d’avoir déjà une toute petite expérience privée dans ce domaine) et c’est ainsi que le binôme que nous formons depuis 20 ans continue à se consolider durant les deux dernières années de notre parcours professionnel.

Comme premier exercice inaugurant notre nouveau métier, Michel – qui a l’habitude de placer haut la barre – décide de présenter sur CD multimédia le rapport final du contrat européen venant de se terminer ! Nous nous partageons le travail : lui se charge de la collecte des documents auprès des différents partenaires, les corrige sur son PC portable et surtout les harmonise (un programme cyclopéen auquel il se consacre jour et nuit… comme à l’accoutumée) tandis que je réalise sur mon Mac les pages HTML intégrant textes, images, graphiques et vidéos. En définitive, un premier CD-Rom – dont nous sommes fiers – contenant une somme colossale de données accessibles par un menu interactif agréable et convivial, qui est gravé à 3000 exemplaires puis diffusé à tous les responsables de la filière avicole mondiale.

En 2005, des décideurs de la Station de Recherches Avicoles – nous ayant vite remarqués derrière nos ordinateurs – ne tardent pas à nous offrir deux autres opportunités de travail passionnant en matière d’applications multimédias. Deux chantiers que je me contente de citer rapidement : tout d’abord, la mise à jour du Livret d’accueil des stagiaires (un divertissement par rapport au premier exercice) désormais en ligne sur le réseau intranet et enfin, notre dernier gros chantier – en vue de la prochaine évaluation collective de la SRA –, la présentation sur CD-Rom du bilan et projet scientifiques de l’Unité de recherche, ce qui constitue une nouveauté fort appréciée par la Commission d’évaluation.

 
BBP
 
Le CD multimédia contenant le rapport final du contrat européen QLK5-CT-2001-01732 est gravé à 3000 exemplaires puis diffusé à tous les responsables de la filière avicole mondiale.
 
 
Bureau SRA
 
L’ordinateur est l’un de mes outils usuels depuis 1984. A noter que j’ai toujours eu la liberté de choisir mon système d’exploitation, Apple bien sûr ! A l’INRA (comme ailleurs), bien que minoritaires par rapport aux tenants de la pensée unique Windows, les Mac users sont fort respectés (quelquefois secrètement enviés) car ne faisant jamais appel aux services de dépannage informatique de l’entreprise ! Et pourquoi donc le feraient-ils ?
 
 
Deux mots sur mes fonctions transversales
 

Comme dans beaucoup d’entreprises, un certain nombre d’employés à l’INRA – depuis toujours – assument, à temps complet ou à côté de leur activité principale, une fonction au service de la communauté. Ainsi, de 1971 à 1995, ma carrière est définie par deux domaines d’activité : la recherche en biologie animale et la photographie scientifique. Deux activités qui fractionnent mon temps de travail en parts inégales, l’expérimentation animale (activité principale dont j’ai suffisamment parlée) prédominant sur la photographie (fonction transversale).

Durant 25 ans, je suis donc photographe de laboratoire au service d’une dizaine de scientifiques et de leurs étudiants en thèse. Pour ceux-ci, l’image photographique joue un rôle essentiel puisqu’elle est à la base des analyses expérimentales, des illustrations dans les publications et surtout des résultats de recherche présentés en réunions ou congrès.

Des milliers d’heures consacrées à la photographie, il me reste aujourd’hui le souvenir de multiples événements, expériences personnelles et anecdotes ayant façonné ma vie. Bref, la photographie scientifique a été pour moi, non l’objet d’une simple fonction transversale, mais véritablement celui d’un second métier, de surcroît un beau métier (présent dans toutes les Unités de recherche de l’INRA) dont j'ai découvert la richesse et les exigences, qui m'a conduit à élargir mon champ de compétence et surtout, qui n’a cessé de faire grandir mon intérêt pour cette autre action fascinante de la lumière ! Ayant raconté longuement ma vie de photographe dans un livre dédié, je n’en dirai pas plus ici à propos de cette fonction.

Par contre, j’aimerais évoquer quelques bons souvenirs d’une autre fonction transversale exercée de 1974 à 2000, il s’agit de la gestion des gaz (5) de laboratoire (oxygène, hydrogène, azote, acétylène, …) fournis par le groupe Air Liquide, mondialement connu. Une activité ponctuelle (quelques heures par mois) me permettant d’oublier de temps en temps la zootechnie, qui me donne l’occasion de tisser des liens amicaux avec mes homologues des autres Unités de recherche du Centre INRA de Nouzilly et qui m’amène rapidement à proposer plusieurs améliorations nécessaires en matière de sécurité des gaz, une facette du dossier me tenant à cœur.

J’ose penser que ces propositions – immédiatement suivies de travaux de mise en conformité de nos installations de gaz avec les normes en vigueur –, ont contribué durant ces trois décennies à améliorer notre sécurité dans l’utilisation des gaz de laboratoire. C’est du moins l’avis d’un ingénieur sécurité d’Air Liquide qui suite à un incident survenu à la SRA – une bouteille de 10 m3 d’hydrogène venait de se vider soudainement en quelques minutes –, me confiait en 1977 : « Avec une telle fuite, si vous n’aviez pas eu le bon réflexe de déplacer à l’extérieur de votre bâtiment vos bouteilles d’hydrogène en service, vous seriez obligé aujourd’hui de passer commande pour la construction d’un nouveau laboratoire ! » Cette leçon ne pouvait que me convaincre encore un peu plus du bien-fondé des règles de sécurité dans la mise en œuvre de gaz extrêmement inflammable comme l’hydrogène (6).

 
 
Quelques records non homologués
 

A titre de divertissement, permettez-moi maintenant de vous citer, pêle-mêle, quelques records, non homologués, propres à mon parcours professionnel :

Temps passé dans les transports en commun : plus d’une année (7), un record peu enviable ! Si, depuis 1964, mon lieu de travail a toujours été enchâssé dans un décor majestueux – d’abord au cœur de l’une des plus belles vallées de la région parisienne puis en Gâtine tourangelle à l’ombre du château de l’Orfrasière –, je devais par contre, chaque matin, faire un certain effort pour m’y rendre. On ne peut pas tout avoir dans la vie. S’il est vrai que les cars verts de l’INRA n’étaient pas particulièrement confortables pour ma colonne vertébrale – je dois désormais penser à verrouiller celle-ci de façon permanente en prévention d’un prochain lumbago – je reconnais toutefois que ce temps de trajet quotidien en transport collectif n’avait pas que des inconvénients. Loin de ressembler à du temps perdu, au contraire celui-ci était propice au réveil (le matin), à la décompression (le soir) et surtout aux échanges de vues entre collègues voyageant dans la même direction. Je n’oublie pas notamment les très nombreuses discussions que j’ai pu avoir avec mon ami René Ferré, ingénieur, excellent chef de couvoir et qui faisait partie des vaillants pionniers de la SRA de Jouy-en-Josas. Des discussions éclectiques empreintes d'une haute complicité, prémices d’une amitié qui n’a cessé de grandir pour devenir aujourd’hui indéfectible malgré la distance qui nous sépare.

Temps passé pour ma promotion professionnelle : nul ! En effet, contrairement à la plupart de mes collègues, j’ai toujours fui les concours et en même temps, le stress suscité par leur préparation. A mes chefs d’équipe successifs, déconcertés par la fermeté de ma position à ce sujet, j’expliquais invariablement que je préférais – en contradiction avec le fameux principe de Peter (8)  – être bon technicien diplômé plutôt qu’ingénieur maison incompétent ! Cela dit, s’il est habituel à l’INRA (comme ailleurs) de mettre ses ambitions dans la promotion professionnelle, les concours sont de plus en plus difficiles à décrocher. Un de mes collègues de l’Unité de recherche voisine pourrait vous le confirmer. Celui-ci en effet, plafonnant comme moi depuis longtemps, a tenté 7 fois un concours en vue de l’obtention du grade d’assistant ingénieur. Recalé à chaque fois ! Il est parti amer en retraite, on peut le comprendre. Tandis que le 1er février 2002, alors que je ne le souhaitais aucunement et l’avais suffisamment dit, j’étais promu par ancienneté de service et sans le moindre effort au grade en question… plus exactement, à mon niveau d’incompétence ! Cela est vraiment injuste !

Enfin quelques chiffres reflétant plus les performances de Michel Picard que les miennes : de 1985 à 2005, nous avons recruté et encadré 80 stagiaires (quelquefois 5 simultanément), ceux-ci ayant effectué 102 stages à Nouzilly ! Pour terminer, un dernier record caractérisant l’ampleur de l’activité scientifique de Michel : durant la même période, celui-ci a initié plus de 170 essais zootechniques ! Il faut souligner que souvent, plusieurs expériences se déroulaient en même temps. Il en était quelquefois de même pour les manips ! Dans ces situations critiques – heureusement rares – où je devais par exemple me trouver à la même heure sur deux sites expérimentaux différents ainsi qu’au labo photo pour des travaux urgents, je regrette de ne pas avoir eu le don d’ubiquité ! Situations où généralement j’accordais la priorité aux travaux photographiques, les diapositives (9) pour les conférences des scientifiques ne pouvant attendre !

 
 
Mon dernier jour à l’Institut
 

Fin 2005, Michel Picard et moi – nous avons le même âge –, décidons sagement de mettre un terme à notre carrière et de quitter le bateau le même jour, le 1er décembre… après un traditionnel pot de départ en retraite méticuleusement organisé par Corinne, secrétaire de la SRA. Bien que n’étant pas porté naturellement pour ce genre de célébration, j’accepte néanmoins de « jouer la vedette » durant les dernières heures de ma carrière afin de ne pas décevoir tous ceux (une centaine) rassemblés pour fêter l’événement !

Les témoignages d’affection et de générosité que j’y ai reçus m’ont très touché et il m’est agréable de pouvoir ici exprimer ma gratitude, d’abord à mes collègues et amis déjà retraités venus spécialement pour la circonstance, je cite en premier Bernard Sauveur, l’un de mes anciens patrons, Alain Bouchardeau, Solange Guillaumin, Jacqueline et Eugène Desnoès, tous anciens de Jouy-en-Josas puis bien sûr, à tous mes autres collègues – plus ou moins proches de la retraite –, vous comprendrez qu’il ne m’est pas possible de les citer tous. Enfin, je tiens à associer dans ma gratitude mon épouse, Karin, qui est venue me soutenir dans ces « moments stressants ». Il m’est infiniment agréable aujourd’hui de lui témoigner mon affectueuse reconnaissance pour ses conseils et encouragements qui m’ont été d’un grand secours ainsi que pour la patience et l’optimisme dont elle a fait preuve au cours des différentes étapes de ma vie professionnelle en dépit d’une santé profondément altérée depuis plus de 10 ans.

 
Départ en retraite
 
Mes deux dernières heures à l’INRA… astreint à jouer la vedette entre Karin et Michel Picard (à droite sur la photo) et devant une centaine de collègues nous faisant la fête ! Après le traditionnel discours de départ en retraite prononcé par Yves Nys, directeur de la SRA, c’est au tour de Bernard Sauveur (deuxième à gauche sur la photo), l’un de mes premiers patrons, de retracer ma carrière. Dans un discours comme il sait les faire, celui-ci rappelle de nombreuses anecdotes professionnelles et privées que j’avais en partie oubliées et notamment que nous sommes arrivés à l’INRA la même année, en 1964. Il faut dire que Bernard Sauveur est un puits de science et de sagesse. D’autre part, je voudrais souligner ici sa probité intellectuelle et morale hors du commun, bref ses qualités humaines qui resteront désormais pour moi la source d’un profond respect. Pas étonnant qu’il ait fait une carrière exceptionnelle ! Celui-ci en effet après avoir eu – entre autres – la fonction de Président de Centre à Nouzilly et la responsabilité des relations de l'INRA avec la CEE, fut durant les dernières années de sa carrière, le principal conseiller de la Directrice Générale de l’INRA, Marion Guillou. Merci, Bernard, de ton jugement trop indulgent pour ce qui est de mon parcours professionnel (1-12-2005, photo Michel Derouet).
 

Souhaitant bon vent à la Station de Recherches Avicoles, Michel Picard et moi quittons le bateau (lui en dernier comme tout bon capitaine qui se respecte) le 1er décembre 2005 à 18 heures !  En tournant cette page de ma vie après 40 années de service (40 ans et 3 mois exactement en comptant mes études à Rambouillet) dans la filière avicole, je suis conscient d’avoir eu beaucoup de privilèges et de satisfactions dans mon environnement professionnel. Une fonction polyvalente et variée, des collègues compétents et sympathiques, des conditions de travail et surtout une sécurité de l’emploi plutôt rares aujourd’hui et que très peu de salariés malheureusement connaîtront dans l’avenir… même à l’INRA !

Le 1er février 2006, l’intéressé en question – matricule 02668A – est admis d’office à faire valoir ses droits à la retraite, radié des cadres de l’Institut National de la Recherche Agronomique et inexorablement admis au club du 3e Age à la même date. Me voici donc intégré de force dans le monde des seniors ! « Une société où les promotions n’existent pas [tant mieux !], une nouvelle approche de l'existence qu'il faut savoir, avec philosophie, aborder dans la quiétude et le renoncement », m’écrivait récemment un ami « compatissant ». Je vous dirai plus tard si j’ai réussi à passer ce cap en toute sérénité !


Claude Bouchot

 

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1. Les photos sont de l’auteur, sauf mention contraire.
2. Sous la Ve République, le général de Gaulle donna de nombreuses fêtes et réceptions au château de Rambouillet et en 1963 notamment, lorsqu’il offrait des chasses à ses invités, celui-ci s’arrêtait quelquefois devant l’entrée du Centre d’Enseignement Zootechnique afin de discuter quelques minutes avec les étudiants ravis de pouvoir approcher le Chef d’Etat d‘aussi près !
3. Signalons pour mémoire que l’INRA a fusionné avec l’Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture) pour devenir – le 1er janvier 2020 – l’INRAE (l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et ainsi « par sa taille et l’étendue de ses domaines de recherche, le premier organisme de recherche spécialisé au monde en agriculture, alimentation et environnement » (Communiqué de presse, INRAE, 9 janvier 2020, [En ligne] https://www.inrae.fr).
4. A propos de la controverse touchant la protection animale en production intensive, mentionnons brièvement le débat le plus polémique, car le plus décrié par les protectionnistes durant cette décennie 90, celui des poules en batterie. Beaucoup de ces derniers en effet, connaissant passablement la biologie animale et par anthropomorphisme excessif, croient que les cages des batteries de ponte sont trop petites et que les poules y sont malheureuses, car ne pouvant – selon eux – exprimer l’ensemble de leur « répertoire comportemental » ! Mais les travaux conduits par Jean Michel Faure à la SRA démontrent au contraire que les poules, modestement, ne souhaitent pas avoir une grande cage. Une réponse désarmante pour les défenseurs des animaux qui ne savent pas en fait différencier clairement leurs exigences de celles de l’animal !
5. Une quarantaine de bouteilles de gaz divers sont en permanence nécessaires aux besoins de la SRA.
6. Ce gaz incolore et inodore est en effet extrêmement inflammable et peut former très rapidement un mélange explosif avec l’air. De surcroît, il n’est pas besoin pour allumer ce mélange d’une flamme ou d’une quelconque source d’étincelles. L’accumulation de charges électrostatiques suffit ou tout simplement l’énergie générée par la fermeture d’une porte ou d’un tiroir ! Autant dire qu’une fuite importante et brutale à l’intérieur d’une pièce de notre laboratoire aurait été fatale !
7. Bien qu’ayant renoncé à prendre le car durant les 14 dernières années.
8. « Le principe de Peter peut se résumer en trois points. Dans tous les domaines de l’activité humaine, tout individu tend à accéder au poste où son incompétence se manifestera le plus sûrement. Autrement dit, un employé consent rarement à demeurer à son niveau de compétence mais tient à toute force à se hausser à un échelon où il ne sera bon à rien à l’exemple d’une bougie qui peut fort bien éclairer une table pour le dîner, mais qui devient insuffisante si elle est placée au sommet d’un réverbère pour éclairer une rue. Conséquemment, tous les postes de la hiérarchie sociale tendent à être occupés par des individus incapables de remplir convenablement leurs fonctions. Finalement, le travail utile est toujours effectué par des individus qui n’ont pas encore atteint leur vrai niveau d’incompétence » (d’après le livre, non démodé, intitulé Le Principe de Peter – Pourquoi tout va toujours mal, L. J. Peter et R. Hull, Ed. Stock, 1970).
9. Puisque nous sommes dans les comptabilités, de 1971 à 1995, 4500 diapositives ont été réalisées au labo photo de la SRA. Il s’agissait le plus souvent de reproduction de documents au trait (textes et graphiques) sur films lithographiques, la version négative (dianégatives) associée à une colorisation manuelle du trait, étant presque exclusivement demandée.

 
 
© 2024 – Claude Bouchot